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D’où venons-nous ?

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Historique de la Pédagogie Institutionnelle :

Un retour nécessaire : Célestin Freinet

   Né en 1896, Célestin Freinet est mobilisé en 1915 et est grièvement blessé au poumon en 1917. Malgré l’avis des médecins qui lui conseillent de « rester sur une chaise longue au bord des pins », Célestin Freinet débute sa carrière d’instituteur en 1920 à Bar sur loup (Alpes Maritimes).

   Physiquement atteint, il éprouve les pires difficultés à enseigner de façon traditionnelle. Peu à peu, il met au point de nouvelles techniques pour faire la classe. Par exemple, il organise des sorties autour de son école, sorties qu’il appelle « promenades » et au retour, il rédige un compte rendu au tableau. Les élèves le lisent et le recopient.

   Parallèlement, Freinet lit des ouvrages traitant de pédagogie : Rousseau, Montessori, Decroly… Il participe aussi à des rencontres internationales en Allemagne et en Suisse. Mais à chaque retour dans son petit village provençal, le décalage entre cette éducation nouvelle et ses conditions de travail lui semble décourageant.

   En 1924, il commande une imprimerie (destinée initialement aux commerçants qui souhaitent imprimer leurs affiches) : l’imprimerie à l’école est née ! Cet outil va orienter sa pédagogie : les élèves impriment et diffusent leurs textes libres. Rapidement, une correspondance avec une école de Bretagne se met en place.

  En 1926, Freinet publie son premier livre pédagogique « L’imprimerie à l’école ». Il écrit : « Dans l’ancienne école, l’instituteur instruit. Nous disons : c’est l’enfant qui doit s’éduquer. »

   En 1927, les instituteurs s’intéressant à ces nouvelles techniques se réunissent en marge d’un congrès syndical : il y a 41 participants.

   La C.E.L (Coopérative d’Enseignement Laïc) est fondée en 1927. Cette coopérative fabrique et commercialise les outils nécessaires au travail des classes Freinet.

  En 1947, l’ICEM (Institut Coopératif de l’Ecole Moderne) est créé. C’est le nom officiel du mouvement Freinet.

L’initiateur de la pédagogie institutionnelle : Fernand Oury

  En 1939, Fernand Oury se prépare à devenir instituteur. Mais les événements le rattrapent et comme il l’écrit « quand la guerre m’est apparue plus proche que ma réussite à l’examen à l’Ecole Normale, je suis devenu instituteur suppléant. »

  A 19 ans, Fernand Oury fait classe à 45 enfants. Les premiers contacts sont « ordinaires » : « ils me regardent. Je leur donne des exercices à faire. Ils baissent le nez et cessent de me regarder. »

  Durant ladrôle de guerre, Fernand Oury est envoyé dans une école en Sarthe. Un soir, il surveille l’étude. Avec un certain effarement, il s’aperçoit que Françoise, une élève de C.P, lit sa page de lecture avec le ton et sans aucune erreur en suivant le texte d’un doigt appliqué… avec une ligne de retard.

  En juin 1940, la guerre prend une sale tournure. Les réfugiés déferlent sur paris. Il règne un certain désordre. Fernand Oury est convoqué à Brétigny pour être mobilisé. Il arrive tôt le matin devant le Centre d’incorporation. Magnifique, le planton annonce : « Les bureaux n’ouvrent qu’à 9 heures. » Tout n’est pas perdu, l’Administration tient bon !

  A 09 heures, ce sont les avants-gardes allemandes qui ouvrent les portes du centre mais Fernand Oury est déjà reparti.

   En 1942, quelques tracts mal rangés lui valent un séjour à la Santé. Puis il reprend son métier d’instituteur. La routine, l’ennui, les petits chefs chloroforment l’école. Fernand Oury se désespère dans ce milieu. Il rêve de changer l’école… mais comment et avec qui ?

  En 1949, Fernand Oury participe à un stage organisé à Cannes par Freinet. Dans ce lieu, il  rencontre « d’autres fadas ». Il s’enthousiasme mais émet (déjà) quelques réserves sur certaines options naturistes de Freinet. A la fin du stage, Fernand Oury remonte à Paris pour retrouver les 43 élèves de sa classe de CE2. Une première difficulté survient : se procurer du matériel ! Il trouve une solution (qui est toujours d’actualité en 2011) : il achète imprimerie, limographe, encres, fichiers sur ses propres deniers.

    Fernand Oury transforme sa classe et commence à prendre des notes sur ses élèves. Sa première monographie, intitulés « Claude traînait la patte » sera suivie de beaucoup d’autres. Dans ses écrits, il tient compte de l’inconscient, des phénomènes de groupe. Grâce à son frère Jean Oury, psychiatre, il rencontre Tosquelles fondateur de la psychothérapie institutionnelle.  

   Contrairement à Freinet qui travaille en milieu rural, Fernand Oury travaille dans une grande ville et subit (avec les enfants) l’ambiance et la discipline de ce qu’il surnomme « l’école caserne. » Pour  réveiller ses élèves « dressés à ne rien faire et à se taire », Fernand Oury va mettre au point diverses institutions : ceintures de couleurs, monnaie intérieure, métiers, Quoi de neuf…

  C’est Jean Oury, lors d’un congrès du mouvement Freinet en 1958, qui le premier va proposer le terme de « pédagogie institutionnelle. »

La rupture avec le mouvement Freinet.

  Les difficultés de « l’école caserne » n’intéressent guère les ruraux du mouvement Freinet. Lors du congrès de 1951, Fernand Oury est le seul membre de la commission «  Ecoles de ville. »

  Les divergences théoriques apparaissent. Pour expliquer les évolutions de certains enfants dans les classes coopératives, Fernand Oury ne peut se contenter de « la bonne nature » ou du « Bon Maître ». Sans renier la dimension du « matérialisme scolaire » (production, techniques…) il utilise les concepts nés de la psychanalyse et de la dynamique des groupes :  désir, transferts, identifications…

  La rupture est latente. Un événement va la précipiter : en 1961, Raymond Fonvieille, responsable du groupe parisien de l’ICEM, est évincé du mouvement. Fernand Oury, Raymond Fonvieille et d’autres exclus fondent le G.T.E (Groupe Techniques Educatives). Ce nouveau groupe continue le travail : monographie, conférences publiques, stages d’été, revue pédagogique… 

En 1963, Fernand Oury prend ses distances avec le G.T.E, devenu trop universitaire à son goût, et avec Aïda Vasquez (une psychologue arrivée tout droit du Venezuela), il fonde les G.E.T (Groupes d’Education Thérapeutique).

  En 1979,  Fernand Oury rejoint le module Genèse de la Coopérative qui est un groupe de travail de l’ICEM. Ainsi, Fernand Oury réintègre le mouvement Freinet et jusqu’à sa mort (en 1998), il continuera d’écrire et de participer à l’organisation de stages de formation.

Des ouvrages fondateurs

En 1967, Fernand Oury  et Aïda Vasquez  publient un premier ouvrage « Vers une pédagogie institutionnelle ».

En 1971, est publié « De la classe coopérative à la pédagogie institutionnelle ». Cet ouvrage de plus de 700 pages est surnommé la brique.  C’est un véritable succès d’édition puisqu’il est vendu à plus de 40 000 exemplaires.

En 1972, Fernand Oury et Jacques Pain publient « Chronique de l’école caserne ». Cet ouvrage à l’humour grinçant dénonce l’absurdité et l’incohérence de l’école du XX° siècle.

En 1979, paraît « Qui c’est le Conseil » écrit par Fernand Oury et Catherine Pochet.

En 1985, René Laffitte et le groupe Genèse de Coopérative publie « Une journée dans une classe coopérative. »

En 1986, Catherine Pochet, Fernand Oury et Jean Oury publient « Miloud : l’année dernière, j’étais mort ».

En 1995, Fernand Oury écrit, avec Françoise Thébaudin, son dernier ouvrage : « Pédagogie institutionnelle »

AVPI-TFPI

Le groupe Genèse de la Coopérative disparaît en 1992.  Deux nouvelles associations se créent : TFPI (Techniques Freinet Pédagogie Institutionnelle) et AVPI (Association Vers une Pédagogie Institutionnelle). Chacune de ces deux associations continue à écrire des monographies et à organiser chaque été des stages de formation.

De nouveaux livres paraissent. Ainsi, René Laffitte publie « Mémento de la pédagogie institutionnelle » en 1999  et  « Essai de pédagogie institutionnelle » en 2006.

Isabelle Robin publie « La Pédagogie institutionnelle en maternelle un peu, beaucoup, très beaucoup…» en 2011, « L’entrée dans la Loi dans une classe de maternelle » en 2013 et « L’entrée dans la réussite » en 2014. Parallèlement à ce travail, de nombreux groupes de travail naissent, ici ou là, dans différentes régions de France.  

CHAMP P.I.

Au début, dès qu’un peu de « mycélium pédagogique » fait se rencontrer le désir de praticiens, des groupes se forment.

Dans les années 1980, René Laffitte crée un groupe de travail à Béziers : le chamPIgnon. Patrice Baccou y participera très rapidement. Brigitte Vicario les rejoindra en 1989.

En 1991, René Laffitte propose d’ouvrir un nouveau groupe de travail accueillant tous ceux qui souhaitent démarrer une classe coopérative. Le groupe chamPIdé (chamPIdémarrage) est né.

Issue de ce nouveau groupe Raphaëlle Depaule vient travailler au chamPIgnon en 1993.

Après quelques années au chamPIdé, c’est au tour de Francine Pujol et Richard Lopez de rejoindre le chamPignon en 1995. Comme Patrice Baccou et Brigitte Vicario, tous deux suivent parallèlement un cursus de formation sur plusieurs stages AVPI, ainsi qu’une formation de AR (apprenti responsable) et de responsables au sein d’AVPI.

De même, après un passage par le chamPIdé, Françoise Théron en 2000 et Pascale Danillon en 2002 viennent travailler au chamPIgnon.

Mireille Laffitte, membre de Genèse de la coopérative depuis 1988, puis d’AVPI et responsable de stage, rejoint elle aussi le chamPIgnon en 2000.

En avril 2005, le chamPIgnon organise une journée de rencontre à propos de la Pédagogie Institutionnelle. Devant le succès de cette rencontre et la nécessité de se structurer pour son organisation, l’association du champ P.I. est créée.

En 2012, Isabelle Robin rejoint l’équipe des responsables du stage puis en 2013, l’association Champ P.I.

Après le décès de René Laffitte, en 2009, le chamPIgnon continue son chemin pédagogique sur les traces de son fondateur. La publication d’une première monographie et des dossiers numéro 1 et numéro 2 en 2011 ainsi qu’un 3ème stage en sont le témoignage.

Champ P.I., 2014

Grâce au travail de Ludovic CADEAU et   » AVPI – Fernand Oury «